Diététique comportementale, une approche holistique

Une nouvelle manière de penser la diététique

D’où vient la diététique comportementale ?

Longtemps la diététique ne s’est intéressée qu’à la valeur calorique et à la somme de nutriments contenus dans les aliments pour prescrire des régimes, calculés sur la base d’équations.  On parle de « réductionnisme nutritionnel », qui traduit une vision mécaniste du monde.

La diététique comportementale est holistique, elle prend en compte toutes les parts de nous concernées par l’alimentation : notre corps, mais aussi nos pensées (culture, symboles…), nos émotions, et notre sensorialité.

Elle se fonde non seulement sur les recherches en nutrition, mais également sur la psychologie du comportement alimentaire (impact des émotions, frustrations, restrictions sur notre comportement alimentaire, motivation…), et sur les neurosciences (régulation des appétits, circuits du plaisir et de la récompense…). Elle met également à profit les innovations qu’apportent la Pleine Conscience et des approches psychothérapeutiques telles que ACT (Thérapie d’Acceptation et d’Engagement) pour permettre une meilleure présence à soi, la mobilisation de nos valeurs au service de notre motivation à réaliser nos objectifs.

En France, l’association G.R.O.S. fait la promotion et enseigne cette approche, grâce à des personnalités comme le psychiatre Gérard APFELDORFER ou le médecin nutritionniste Jean-Philippe ZERMATI. Il existe également maintenant des diplômes universitaires autour des troubles alimentaires, ou autour de la psychologie du comportement alimentaire, qui proposent les outils de la diététique comportementale pour mieux accompagner les patients.

Pourquoi les régimes ne fonctionnent pas ?

Régime = Ensemble de prescriptions concernant les aliments et destinées à maintenir ou à rétablir la santé – Prescription = Ordre formel et détaillé énumérant ce qu’il faut faire (dictionnaire Larousse)

Dans un avis émis en 2011, l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a évalué les risques sur la santé physique, comportementale et psychologique liés à la pratique des régimes amaigrissants. Le taux d’échec est alarmant : 95 % des personnes qui tentent un régime amaigrissant reprennent du poids, plus de poids que celui perdu, et subissent des impacts sur leur métabolisme (carences, perturbations hormonales…), leur confiance et estime d’elles-mêmes, leur rapport de plus en plus détérioré à l’alimentation (mauvaise conscience alimentaire permanente…).

Qu’on parle de régime, de “rééquilibrage”, ou de plan alimentaire, l’impact est le même : les prescriptions n’invitent pas le / la patient.e à sentir par lui/elle-même, et à être développer les compétences pour s’adapter de manière autonome aux circonstances.

En diététique “conventionnelle”, le / la diététcien.ne est prescripteur.rice de régimes. Une série de mesures à suivre par le patient sont énumérées (ce qu’il est possible de manger ou non, dans quelles quantités, sous quelles conditions etc). C’est une approche directive, un schéma de relation vertical, comme celui d’un enfant avec ses parents.

La diététique comportementale propose une approche différente, pour un résultat plus sûr et durable : diététicien.ne et patient.e se penchent ensemble sur les comportements alimentaires pour les comprendre et les résoudre (pourquoi la personne mange-t-elle ces aliments-là ? Pourquoi a-t-elle une compulsion à tel moment ? Pourquoi fait-elle 3 repas par jour ?). Le / la patient.e devient expert.e de lui/elle-même : observation et connaissance de soi font le socle du changement.

Enfin la diététique classique focalise sur les aspects nutritionnels et physiologiques, mais nous ne sommes pas qu’un corps ! Manger touche également nos dimensions psychologique et affective. Ce sont parfois ces domaines qui sont à l’origine de comportements alimentaires inadéquats. Un régime alimentaire ne peut pas y remédier. D’autres outils, adaptés à la situation, sont nécessaires. En comprenant les raisons qui nous poussent à manger, nous pouvons mieux gérer nos comportements alimentaires.

Nous ne sommes pas qu’un corps ! Manger touche également nos dimensions psychologique et affective.

Pourquoi diététique « comportementale » ?

Un courant en psychologie, l’approche comportementale, consiste à identifier les comportements répétitifs inadéquats qui posent problème à la personne, qui « dysfonctionnent », pour l’aider à adopter les stratégies mieux adaptées. Cette approche psychologique est notamment utilisée pour traiter phobies, anxiété et addictions. Caractéristique de la méthode : des exercices simples sont proposés pour agir au quotidien et permettre de désapprendre les comportements souvent développés pendant l’enfance et renforcés tout au long de la vie.

La diététique comportementale utilise une méthode similaire pour aider la personne à identifier les comportements alimentaires qui posent problème, leurs déclencheurs (pensées, émotions…), et propose des outils et ressources pour modifier durablement ces comportements.

En quoi consiste l’approche en diététique comportementale ?

C’est une approche globale bienveillante, qui prend en compte les besoins physiques, nutritionnels, mais aussi psychiques, émotionnels et sensoriels. Elle n’impose pas de règles strictes ou d’interdits : elle permet d’apprendre à respecter son corps et ses besoins grâce à une observation attentive de ce qui se passe en nous.

Nous réapprenons à comprendre le fonctionnement et la régulation du corps, grâce notamment à l’observation des sensations alimentaires (faim, envies, rassasiement…). Lorsque nous identifions nos vrais besoins, nous trouvons des solutions nouvelles aux comportements alimentaires qui ne nous convenaient pas, bien plus respectueuses de nous. Par exemple en faisant une collation adaptée lorsque l’on a faim pour ne pas se jeter sur la nourriture en rentrant le soir, ou en apaisant l’émotion (peur du manque…) qui nous pousse à manger au-delà de notre rassasiement…

Hors d’un cadre rigide, cette approche pleine de bon sens (ou de « bons sens » !) permet de s’adapter avec une plus grande flexibilité aux contraintes de la vie (horaires de travail…).

La diététique comportementale permet d’apprendre à respecter son corps et ses besoins, et de (re)trouver un rapport à la nourriture simple, serein et autonome.

Les régimes ont souvent induit de nombreuses restrictions, au point que nous ne savons parfois plus ce que nous pouvons manger ou non. L’approche comportementale en diététique permet de se libérer de l’anxiété alimentaire (peur de trop / mal manger) et de (re)trouver un rapport à la nourriture simple, serein et autonome. Le cadre devient celui que nous offre notre propre corps, notre propre histoire, nos propres valeurs. Manger redevient intuitif et stable, sur le long terme.

Comme souvent des émotions sont à l’origine de comportements alimentaires dysfonctionnels (ennui, stress, contrariété, anxiété…), l’approche permet de trouver de nouvelles réponses, non alimentaires, aux émotions difficiles.

Lorsque les besoins sont bien nourris de réponses adaptées, les piliers de santé* consolidés, on retrouve plus facilement un poids de forme.

Les régimes s’appuient sur la croyance qu’il existerait des aliments “bons” ou “mauvais” en eux-mêmes. La diététique comportementale fonde notre savoir sur l’expérience personnelle.

A qui s’adresse la diététique comportementale ?

L’approche comportementale de la diététique est adaptée pour accompagner les personnes qui souffrent de troubles du comportement alimentaire (TCA) : anorexie, boulimie, hyperphagie…

Or il n’est pas nécessaire d’avoir un diagnostic de trouble alimentaire pour souffrir d’une relation douloureuse et compliquée à la nourriture et à son corps : jugements et dévalorisation selon l’incapacité à observer des règles alimentaires, compulsions alimentaires ingérables, comparaison et pression de la société, cycles de restrictions suivies de compulsions, culpabilité permanente

La diététique comportementale permet un changement de point de vue qui libère des croyances limitantes sur l’alimentation et permet l’adoption de comportements sains et sereins.

Ce que vous apprenez avec la diététique comportementale

Avec la diététique comportementale, mes patient.es disent retrouver une relation “normale” à la nourriture : simple, sereine, sans arrière-pensées.

Vous adoptez des comportements plus sains et adaptés en apprenant à :

  • Reconnaître et honorer les signaux de faim et de satiété, distinguer la faim de l’envie de manger… et respecter vos besoins physiologiques;
  • Identifier les situations qui déclenchent des excès alimentaires, et à y faire face de manière constructive;
  • Vous faire plaisir et vous satisfaire avec les aliments les mieux adaptés, quel que soit le besoin à nourrir ;
  • Développer une relation simple et sereine avec la nourriture et votre corps, sans culpabilité ni pression.
  • Faire la paix avec vos émotions en apprenant à identifier les besoins exprimés qu’elles expriment, et les accueillir sans recourir à la nourriture ou en l’utilisant en conscience et sans excès ;
  • Renforcer votre estime de vous-même et votre confiance en vos capacités à prendre soin de vous.

Cette prise en soin de soi a des effets positifs sur les autres sphères de la vie : connaissance de soi, relation à soi, relations aux autres, organisation familiale, conditions de travail, etc. Elle augmente la flexibilité psychologique, la bienveillance envers soi, et permet de nous recentrer sur ce qui fait sens et compte vraiment pour nous, nos valeurs.

Quelle place pour la nutrition en diététique comportementale ?

La diététique comportementale ne prescrit pas de régime amaigrissant, l’objectif étant de vous aider à retrouver une alimentation intuitive, finement adaptée aux besoins du corps, et parce qu’il n’existe pas de “plan alimentaire” suffisamment souple pour s’adapter à toutes les situations de la vie. La plupart des régimes (ou rééquilibrages alimentaires…) sont sources de frustration, qui dit frustration dit compensation, tôt ou tard…. Par ailleurs, les données dont nous disposons sur l’équilibre alimentaire correspondent à “un individu moyen”, or vous n’êtes pas un “individu moyen” ! Nos besoins à chacune et chacun sont spécifiques à notre “terrain” métabolique et à notre manière de réagir à notre environnement.

Pas de régime et “Mangeur libre” ne veulent pas dire “faire n’importe quoi” ! Un cadre se dessine, mais c’est votre corps qui vous le donne, pas “une autorité extérieure”, car vous êtes seul.e à pouvoir identifier vos besoins du moment. L’objectif thérapeutique est de vous aider à retrouver votre autonomie, c’est à dire la capacité à prendre soin de vous en tant que meilleur connaisseur de vous-même.

Le retour de nombreu.ses patient.es est que suivre un plan alimentaire peut être infantilisant et entraver la prise de conscience de nos propres capacités. Mais dans certains cas il peut être un levier… Ni bon ni mauvais en soi, c’est l’usage que l’on en fait qui détermine sa pertinence. A ce titre il peut faire partie des outils choisis en concertation avec la personne, et toujours employé pour l’observation et la rencontre avec soi…

* J’utilise pour ma part le Profilage alimentaire® comme un tremplin vers une meilleure écoute de soi, lorsque la personne est en difficulté pour revenir à l’écoute de ses sensations alimentaires (épuisement, peurs et restrictions qui empêchent d’oser répondre aux envies profondes…). Le Profilage alimentaire n’enferme pas dans un cadre rigide, il propose des expériences pour découvrir l’alimentation qui nous convient le mieux, en s’adaptant aux périodes de la vie, aux saisons… Les recommandations et cures éventuelles proposées le sont toujours avec prudence, en s’assurant que leur suivi sera clairement cadré et émotionnellement bien vécu. En savoir + ICI

*Les 5 piliers de notre santé

L’alimentation, parce qu’elle fournit à notre corps le “carburant” et les constituants essentiels qui permettent sa construction et sa réparation, est un pilier de santé. Sa qualité, son adaptation à nos besoins spécifiques en tant qu’individu, favorisent le bon fonctionnement de notre corps, et de notre esprit !

Mais d’autres piliers ont besoin de soins pour que notre santé ne soit pas bancale et pour que nous puissions atteindre les objectifs souhaités :

SOMMEIL

Un sommeil insuffisant ou non réparateur entraîne des perturbations hormonales qui entravent la régulation alimentaire.

PSYCHISME

Notre vie psychique impacte fortement notre physique. Certains vécus (« je dois être fort.e, je ne dois rien lâcher »…) peuvent verrouiller le processus d’amincissement. Ils sont à identifier, accueillir et dénouer.

ALIMENTATION

Qualité et quantité adaptés à nos besoins propres.

RESPIRATION

La respiration permet d’oxygéner nos cellules, d’éliminer des toxines, et de gérer notre stress.

MOUVEMENT

Il s’agit de permettre à notre corps de se dénouer et de laisser l’énergie circuler en lui, que ce soit par la pratique d’un sport ou d’une activité physique douce (yoga, Qi Gong…).

Enfin la qualité de notre environnement et son niveau de pollution sont à considérer : exposition aux perturbateurs endocriniens des cosmétiques et produits ménagers, additifs alimentaires…

L’hygiène de vie est l’ensemble des mesures qui favorisent la santé et permettent de la préserver ou de la recouvrer.